mercredi 9 mars 2011

Le fouillis de mes pensées du 8 mars, ou la date où les femmes sont obligées d'être féministes

J'attendais qu'on soit aujourd'hui avant d'écrire ce message parce que, malgré mon ambivalence quant à la Journée des Femmes, je trouvais ça provocant et inutile de casser du sucre sur le dos de cet évènement qui tient à coeur plusieurs de mes amies - et je respecte votre opinion, soyez-en certaines. Je ne suis pas trop certaine d'où s'en vont ses réflexions pêle-mêles face à cette journée, vous m'excuserez le côté décousu de cet article.

Le 8 mars, pour moi, c'est un jour ordinaire. Et si la caissière du Couche-tard n'avait pas eu la gentillesse d'une part, de me souhaiter une «belle journée, c'est ta journée aujourd'hui »  et ensuite, devant mon regard perplexe, me rappeler la date et sa signification...eh bien, j'aurai passé exactement la même journée que j'ai passé hier. Il faisait assez beau pour mettre mes lunettes de soleil, je suis allée à mon ancien cégep aider un ami avec ses travaux de français et j'ai vu un film de filles très quétaine avec Claudine au cinéma-des-pauvres-5$-des-mardis-soirs.

Dans tous les topos/vox-pop/éditoriaux/sondages, la question qui tue : qu'est-ce que c'est, pour vous, qu'être femme ?

C'est ici que j'explique mon profond malaise avec ce genre de commémoration, au même titre que la St-Valentin (et vous serez des dizaines à me rappeler ma haine de la St-Valentin que j'ai spammé sur Facebook pendant des semaines, mais c'est mon blog, c'est moi qui décide).


Je comprends que ce ne sont pas toutes les femmes qui ont accès aux mêmes conditions que nous partout sur la planète. Je comprends que les inégalités sont encore écoeurantes, flagrantes et à dénoncer. Je comprends. Je trouve aussi admirables les gens - et autres femmes - qui se dévouent à cette cause, qui choisissent de lutter chaque jour contre l'injustice et les mauvais traitements.

Mais pourquoi devoir créer une journée pour souligner ce travail ? Ces inégalités ? Ce chemin parcouru ?

Chaque jour je célèbre ma féminité. Chaque jour, je sais que si je peux étudier en arts, conduire une voiture, posséder une carte de crédit, c'est parce que d'autres femmes avant moi se sont battues pour briser des conventions, détrôner des hommes du monopole, se faire valoir et créer cette égalité utopique entre les sexes.

Ma grand-mère ne conduit pas, ma mère a peur de sortir de sa zone de confort au volant, moi je voyage chaque jour jusqu'à Montréal au volant de ma petite hyundai sans problème. Le monde change, les femmes aussi.

Alors qu'est-ce qu'une femme, au quotidien ?
Pour moi, être une femme - en ce 8 mars, et ce sera la même chose le 15 août ou le 19 novembre, c'est accepté d'être différente des hommes. Attention, je dis bien différente sans que cela ne soit péjoratif. J'accepte d'être moins forte que mes camarades masculins, de ne pas pouvoir soulever dans les airs une autre fille dans le cours de théâtre. J'accepte qu'une remarque me fasse monter les larmes aux yeux, être sensible, pour moi, c'est une partie intrinsèque de la femme. J'accepte d'être douce, peut-être maternelle. J'accepte ma coquetterie, j'accepte mes sautes d'humeurs, j'accepte de confronter mes idées à celles des autres parce que je sais aussi reconnaître que je ne suis pas moins intelligente parce que je suis une femme. J'essaie d'être une femme parfaitement imparfaite, parfaitement humaine, parfaitement capable de se tromper, de recommencer, d'exister.

Au-delà du sexe, chaque jour, je me reconnais le droit d'être humaine.  Je suis très loin des femmes qui jonglent entre une carrière exigeante, des obligations familiales, des soucis financiers.

J'ai lu dans le journal que la journée de la femme avait été créé par l'ONU. Une belle gang de gars en cravates qui se sont dit qu'on devait bien honoré la femme au moins une fois par année. Je n'ai pas besoin qu'une fois par année, quelqu'un me rappele que je devrais me sentir bénie d'être femme, qu'on me reconnait ce droit.

Est-ce que ça existe, la journée des garçons ? On émascule tellement nos hommes, ce serait charitable de leur laisser une journée pour boire de la bière, manger gras et parler de cul entre eux, au nom de la virilité. On est supposée faire quoi, à la journée de la femme ? Frencher une lesbienne ? Se regarder dans le miroir et être fière ? Fière de qui, de quoi ? Il reste tellement à faire à ce sujet, les avancées sont peut-être marquées dans les pays indistrualisés, mais pendant qu'on brosse le portrait des femmes au Québec, y'a probablement une centaine de petites mexicaines mineures en train de se faire mettre par des québécois en vacances dans des villas du sexe. Mais ça...on y pensera demain. On est trop occupé à se rappeler à quel point la femme est extraordinaire.

Merci, 8 mars, d'exister. Sans toi, j'oublierai probablement de m'émanciper en tant que femme.

lundi 7 mars 2011

Pour revenir sur le gros sujet de la semaine...

Je pensais que j'allais pleurer en écoutant Tout le monde en parle dimanche soir, avec la belle et joviale Émilie Poirier (mais quel rire, mes amis !) qui présentait son spectacle de danse Les Gros. Le sujet me touche, pas besoin de le redire (on se souvient de la scène du Milkshake y'a deux semaines au Café-Théâtre de l'UQAM, c'est un sujet que j'exploite librement quand je crée). Finalement, j'étais juste excessivement heureuse. Ouin. Je sais que les maigres vont dire, mais nous aussi, on souffre! et je sais que ce n'est pas faux, je n'enlève pas aux maigres le droit d'être persécuté, écoutez, moi je veux bien partager le monopole des souffre-douleurs, y'en a pas de problème !

Je n'ai jamais été maigre, ni mince, ni même moyenne. J'ai toujours eu un surplus de poids. Je n'ai aucune idée de ce que ça peut bien faire, se regarder dans un miroir et être satisfait de ce qu'on y voit. Habituellement je me contente d'une grimace et je passe à autre chose. J'essaie d'attirer l'attention des gens sur le haut de mon corps, j'agis comme si j'étais une regular size, mais je vis toujours dans l'angoisse d'être rattrapée par ça, le plus souvent dans des moments anodins, dans un bar par exemple, quand on doit passer à travers un champ de chaises collées. Mes amies filiformes se faufilent sans crainte mais moi, je vis un calvaire. Un vrai de vrai. Impossible d'être discrète quand on traîne quelques deux-cent lbs de graisses sur soi. La collision avec les chaises est inévitable. On devra faire déplacer des gens parce que non, crisse, notre ventre et notre gros cul ne passent pas dans l'espace minuscule où viennent de se faufiler les amies filiformes.

Et il y aura des gens (mon ex lève la main) pour dire que c'est de notre faute si on est gros. Peut-être, je ne sais pas. J'aime trop manger pour rester bien longtemps au régime, j'aime trop boire de vin pour me priver plus que deux semaines. Des pâtés, du brie, des baguettes de pain, des pâtes au proscuitto, une bonne bouteille, fuck les bourrelets. Je devrais sans aucun doute faire plus d'exercice. Je devrais arrêter de manger un double-cheese-bacon-sans-cornichon en sortant des bars à 3hrs du matin. Ou une orgie de sushis dans des all you can eat. Ben oui, je le sais.




Si, au cours des dernières années, un paquet de circonstances plus ou moins agréables ont fait en sorte que je me sens programmée pour me juger négativement face à ce surplus de poids, il n'en reste pas moins que je suis profondément perturbée par l'existence de ces hommes qu'on nomme des FA, pour Fat Admirater. J'ai un haut le coeur en écrivant ses mots. Je ne comprends pas. Être gros, et c'est peut-être là l'influence directe de cet homme qui a partagé trop longtemps ma vie, mais être gros, ce n'est pas sain, ce n'est pas beau, ce n'est pas glorieux. J'ai appris avec les années à apprécier ma différence et à m'en réjouir, mais si on me proposait de troquer mon gros corps maladroit et peu gracieux pour un corps svelte et ordinaire, je n'hésiterais pas une seule seconde. Je me demande comment on se sent lorsque personne ne vous regarde dans la rue, dans le métro, dans la file d'attente aux toilettes, au resto. Je suis peut-être parano, mais je préfère croire que je suis lucide. Je suis passée maître dans l'art de dévisager en retour de parfaits inconnus qui semblent scandalisés par l'espace corporel que j'occupe.

Alors voilà, c'est peut-être ça le principal constat que cette vague de sensibilisation pour les grosses personnes m'a apporté : cesser de me qualifier comme étant uniquement une grosse personne, et chercher à rencontrer des gens qui verront au-delà de cette...montagne ?

Je n'ai pas pleuré en écoutant l'entrevue d'hier soir mais j'ai pleuré ce matin, suite à un commentaire sous un statut Facebook dévoilant mon nouvel adage (être belle, grosse et fabuleuse, quelque chose comme ça). Mon enseignante de troisième secondaire en français, Nadia, me dit : Amélie, tu es TELLEMENT plus que ces mots-là! Sincèrement!

Je ne serai jamais fière d'être grosse.
Je suis fière d'être différente.

Entrée - dans le sens de nourriture

Fallait bin qu'Urbania sorte un numéro spécial sur les gros pour que je me décide à sortir du placard - c'est pas comme si on pouvait cacher ce petit détail dans la vie de tous les jours, mais quand même. Pas que je veuille non plus profiter de l'élan de sympathie face aux obèses de ce monde en lançant mon propre blog thématique sur ma vie de grosse - j'essaie continuellement d'être dans la moyenne, on se calme la marginalisation express.

C'est juste que je bloggue depuis des années dans le plus complet (ou pas) anonymat de la majorité de mon entourage et je me suis dis ce soir, allons, allons, arrête de te cacher, pis assume. On assume pas toujours son apparence physique, c'est probablement pire d'assumer ses pensées et ses opinions.

Je le sais, ça doit être la vingt-sixième fois que je m'essaie au blog public. Sauf que là, je vais le publier sur mon profil Facebook (adieu les cachettes), ça me donne pas trop trop le choix.

Est-ce que j'ai vraiment besoin de me présenter ? Amélie, 21 ans, un p'tit peu folle, un p'tit peu lucide, trop naïve assurément, n'a pas peur des araignées à cause du célèbre adage de ma mère (araignée du matin, chagrin ; araignée du soir, espoir) mais a peur de la maudite fin du monde en 2012, aime les choses mauves et rouges mais déteste les gens qui matchent ces deux couleurs (aux dernières nouvelles, non, ça ne matchait toujours pas, merci), aime pas les olives ni la téquila, tsé...

Quelque chose de bin bin typique.